Poser une lettre de l'alphabet sur cette page, puis une autre et encore une autre jusqu'à ce que cela forme un mot, un verbe, un adjectif; aller jusqu'au bout de la phrase.
Ecrire une virgule, un point, un point virgule. et continuer avec une écriture jubilatoire jusqu'au bout...
Qui n'a jamais rêvé d'écrire un livre, de raconter une histoire, sa vie, un conte, un roman... Mais pour qui et pour quoi ? Pour transmettre ? Pour la gloire ? Pour être aimé ? Pour l'argent ? Pour le plaisir ?
Une écriture jubilatoire si tu attends qu'elle vienne à toi, tu peux l'attendre longtemps. Elle trottera dans ta tête par petites phrases exquises, que tu t'empresseras de rêver d'écrire et qui finiront par disparaître dans les oubliettes de ta mémoire à données limitées.
Et puis un beau jour, après des années passées à rêver d'écrire, sans savoir ni pour qui ni pour quoi, tu saisiras un de tes stylos, un cahier et tu écriras enfin...
« Suivre tes pieds
Marcher sur la tête
Sentir mes oreilles
Ecouter dans mon nez
Goûter la langue au chat
Voyager d’un mot à l’autre
Rebondir, chanter, danser
Faire un tête à queue
et parler, parler, parler
Parler pour ne rien dire
Parler pour ouvrir sans pouvoir refermer
Parler flou, parole folle, impossible de toucher le fond
Pousser la porte vers un ailleurs
Laisser la porte ouverte
Semer des petits cailloux
le petit Poucet repassera. »
Sentir mes pieds nus sur la route
Tirer sur mes orteils
Le gros en l'air
Poser mon pied sur l'eau
Mot-motus
Motus et bouche cousue
Souffler
Enjamber le fleuve
Pose ton pied sur la rive
Souffle coupé
Regarder courir le flot
Sentir le vent sur ma peau
Le froid saisir le gros
Le chaud, chaud, chaud
Sueur froide, mon pied flotte...
Toi assise à mes côtés, heureuse de m'écouter . Quelle joie !
Peut-être que dans tes rêves les plus fous tu t'imagines écrire comme ces grands de la littérature, Baudelaire, Joyce, Duras... bien sûr.
Peut-être aussi rêves tu de devenir connus de tous, être mondialement reconnue, invitée sur tous les plateaux TV, radios pour parler de toi, de ta jubilation à écrire. Quelle folie que de pouvoir enfin l'écrire sur cette petite feuille de papier. Rien que pour toi.
Ce jour là est comme une seconde naissance, une fenêtre s'ouvre et l'air circule amenant sa fraîcheur. Toutes les lettres de l'alphabet prennent un sens.
Oui le sens de l'écriture sur cette page. De gauche à droite en laissant entrer par la fenêtre un vent frais.
Peut importe l'histoire.
Cette histoire c'est la tienne et elle va prendre forme du fond de tes entrailles avec toute sa force de vie.
Voilà, ta main attrape un stylo et saute sur la page comme un guerrier Maasaï qui danse dans la plaine. Sauter, sauter encore, sauter mieux, exprimer ta joie d'écrire même si cela ne veux rien dire. Il y aura sûrement à la fin quelque chose qui en sortira. Quoi ? J'en sais rien. On verra bien plus tard.
Tu pourrais raconter tes déboires, tes galères, mais non; ce n'est pas ton choix. Toi tu veux écrire tout le reste. Tous les heureux moments de ta vie. Tes souvenirs d'enfants lorsque tu étais une petite fille.
Une fillette qui a eu la chance de naître sur l'île de beauté, la Corse.
Te souvenirs des odeurs de pins, de genêts.
L'odeur marine qui embaume encore tes narines. Rappelle-toi lorsque tu marchais pieds nus dans le maquis.
Est-ce que tu sens la chaleur du sable sous tes pieds ?
Oui, c'est merveilleux de se souvenir de ces jours heureux où le soleil brillait dès l'aube, où tu cueillais pour ton petit déjeuner des tomates. Tu les croquais à pleine dents, laissant couler sur tes joues le jus que tu essuyais d'un revers de main sans te soucier des bonnes manières.
Un jardin enchanté sans clôture ni barrière qui s'étendait sur la dune. Au loin, une petite route, après, encore un peu plus loin; la mer méditerranée. Son bleu scintillant, son immensité. Toi tu es née sur cette île. Tu es une îlienne mais tu ne sais pas encore à ce moment là que cela ne te quittera plus jamais. C'est inscrit en toi, c'est écrit sur ta peau, dans les plus petites cellules de ton corps, dans ta mémoire corporelle.
C'est inscrit si profondément en toi que l'odeur de cette Garrigue ne te quitte plus. Tu grandis alors comme un pin Parasol.
Tu viens du sable, du soleil et de l'amour.
Avec ce terreau tu iras où tu veux, tu réaliseras tes rêves de cabane dans la forêt, tu débusqueras les pièges, les entourloupes et les faux monnayeurs, les tricheurs. Tu sauras faire face à l'adversité sans broncher, l'air de rien.
Ton terreau c'est le maquis. Merci papa merci maman, merci la vie !
Ils m'auront transmis sans le savoir ce goût de vivre, ce goût reconnaissable et unique de l'Aventure humaine. Il leur aura fallut quitter l'Algérie, pays de leur enfance, pour continuer à tracer leur chemin vers de nouveaux horizons lointains.
La vie est un concept selon Lacan. A toi de choisir ta vision du monde. Magique, merveilleux, horrible ou monstrueux...tu en feras ce que tu pourras au fil de l'esquisse que tu traceras.
C'est toi qui taille dans ta roche.
Alors ça y est, j'écris comme je respire...
Je Sublime pour ne pas crever seule dans le noir
je plonge dans les abysses vers l'étoile du désir,
Sublimer pour entrer dans le lieu de l'exil...
Sublimer pour jouer à créer comme une enfant...
Alors la nuit je rêve,
j' invente des myriades de poèmes
je m'envole vers l'éphémère
Sans boussole ni ficelle
je glisse sur fond d'immensité
Mais où est passé le petit poucet ?
je dévale des feux d'artifices
Plonge dans l'hélice de l'ellipse...
Cavale sur mon clavier spatial
La nuit je rêve
j' enchante
je glisse
je tombe
Et roule ma bosse
je fond dans le fond de mon glaçon givré
Accrochée à la queue de Morphée
je souffle sur les crayons de couleurs
Illumine et sublime aux pieds de l'abîme,
La nuit je flotte comme un aéroport...
je tape je cogne sur un hangpan
Loin de la casba qui résonne.
Au nez du didgéridou
je chante pour une pluie d'étoiles
je suis bleue sous l'abysse du solstice
C'est l'étoile du délire qui chavire
A bâbord toute !
je m'élève au dessus du ciel...
Peint des ronds de ficelles pour faire une histoire à réactions
Plein feu sur l'exil
je dessine le lieu de l'exil
Lance la fusée de mots d'Ariane
Accroche à la volée le mot de la fin
Point à la ligne.
La nuit je danse comme une furie au bord du lit
Comme un avion qui saute du balcon
j'ai su, je sais, j' essuie les larmes du bord
Allume des centaines de bougies
Danse avec le feu sacré
Tisse des fils pour la bobine
La nuit je tisse
m'exile
m'engloutit sous des montagnes de couleurs...
La nuit je rêve.
j 'écris des contes de fées
Arpente la colline aux oiseaux
Rejoins la contrée des enfants rieurs
La nuit je rêve
Souffle sur les crayons de couleurs
Illumine
Sublime
Dessine le lieu de l'exil
Lance la fusée des mots sur l'île
Accroche à la volée le mot de la fin
C'est l'étoile du désir qui délire…
La nuit je rêve,
et vous ?...